13/01/2014

RASSEMBLÉS


C'était dimanche, en famille, faute de père ce jour-là, il y avait quatre iPhone.  
Quatre appareils dotés de coques protectrices quasi identiques certainement offertes à Noël, seul signe extérieur de rassemblement. 

Et les conversations que la fainéantise autorisait autrefois à s’encombrer de silence sont simplement laissées à la merci de l’indifférence généralisée. 

Et parce que trop visible, parce que trop présent - devant nous, sous les yeux - également parce qu’on a laissé notre appétit grandir jusqu’à 14h30 et refermer nos paupières, la scène nous échappe en premier lieu. 

C’est un homme qui déjeune un peu plus loin qui, voyant l’un de nous sortir son appareil photo, se lève pour lui demander d'immortaliser ce qui reste de cet instant.  

On lève soudain les yeux, on observe stupéfaits et amusés la petite famille 2.0, avant de l’imprimer fugacement, inquiets de se savoir pris. 

Et bien trop occupés, eux ne voient rien. 

03/01/2014

TEXTE DE FRANÇOIS BONNEAU - PRIÈRE À L'ÉPLUCHE-LÉGUME - VASES COMMUNICANTS - JANVIER 2014




Par la fenêtre de son bureau gris, le végétal lui parlait. Par bribes, par courants d’air : une tentative indéniable de dialogue. Ça n’était pas une première. Tant de bourgeons et de feuilles mortes pour autant de signaux. Tant de mouvements de branches.

Mais cette fois, décidé, il aurait le cran de lui répondre, à ce végétal touffu. De se faire enfin comprendre, sans animosité. Mais pour espérer l’égal à égal avec l’être de sève, il faudrait du nu à nu. L’arbre, en face, avait déjà rempli ce contrat. Pas lui. Hors de question de s’adresser aux branches, aux nids, sans une vraie de vraie nudité. 

Car il lui fallait la nudité sincère. Ce qui ne voulait pas dire apparaître, vulgairement, sans le moindre vêtement. Non. Dévêtu, il se sentait encore bien trop couvert. Et sans vraie blancheur, rien n’était possible. Mais il n’était pas vraiment blanc, ni noir, juste humain comme un benêt. 

Enfin, qu’on la voit donc, cette pauvre peau : veinée, tachée, striée de poils hirsutes et de grains de beauté, pas même capables d’offrir une vraie constellation. Il n’aurait, c’est certain, aucun dialogue à ce prix. L’immaculé ou rien, clama t-il, pour amorcer le dialogue. Un tremblement infime parcourait ses omoplates, jusqu’au bout des phalanges. Il ouvrit les tiroirs, maladivement, en sortit un couteau éplucheur. Et il commença son office, par le bras gauche. Il se débarrassa de son superflu, c’est à dire de lui-même. Il s’éplucha sans hurler, croyant se végétaliser, écorchant son être, espérant des racines qui ne pousseraient pas. Enfin, mains jointes et privé de toute sève, il envia l’arbre haut qui ne put rien pour lui. 

De loin, à ses pieds, on aurait pris un morceau de chair sèche, sur l’épluche-légumes désormais ravagé, pour un bout d’écorce tendre.

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Commencer l'année à reculons. à tâtons, comme pour retenir 2013 entre nos mots. François Bonneau m'offre un peu tardivement un texte à écouter et lire : "Prière à l'épluche-légume".
Il s'agit de notre deuxième échange et je suis heureuse de renouveler à ses côtés l'expérience des vases communicants.


Vendredi 3 janvier, premier vendredi du mois : il s’agit d’échanger, d’accueillir et d’être hébergé en retour, de laisser un instant le refuge scriptural communiquer avec un autre espace.
Un projet où s’entrecroisent les mots, à l’initiative du Tiers Livre (François Bon) et de Scriptopolis (Jérôme Denis) qui reprend le titre programme d’André Breton, Vases communicants.
L’idée est simple et définie là : « le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. »

La liste complète de l'ensemble des participants est également dressée par Brigitte Célérier, à retrouver et parcourir ici




28/12/2013

QU'EST-CE QU'ON ATTEND ?





Parce que l’instant présent. Parce que peu importe ce que l’on dira, peu importe les interminables processions familiales passées et à venir, peu importe le reste du monde, peu importe le flux journalistique, peu importe l’actualité, la crise, le désordre et les tracas administratifs, peu importe la carrière avortée, le chômage, les engagements non tenus, peu importe tout l’alcool qui brûla et brûlera la gorge, peu importe les échecs, peu importe l’existence qui file entre les doigts, peu importe le couloir de pluie qui se resserre peu à peu sur le pays, peu importe les engelures qui tracassent les doigts de pied, peu importe d’attendre sans raison. Être là, simplement.
Pauser le temps. Rendre le passé et le futur à l’autel des sacrifices. Sans but. Non. Pas d’objectif. Contempler l’écoulement. Sentir que le temps dure longtemps, simplement.


La pose vidéo de Louise Traon, réalisée dans le cadre du concours Infracourts*, à l'initiative de France télévisions et de la SCAM, sur le thème "Qu'est-ce qu'on attend ?". 


* Le vote est ouvert jusqu’au 5 janvier 2014 à 23h59 (un seul vote par jour, par navigateur et par adresse IP)

26/12/2013

C'EST DOMMAGE, UNE SI BELLE MISÈRE


« C'est dommage, une si belle misère. »



Henri
, film de Yolande Moreau
Avec Miss Ming, Pippo Delbono, Jackie Berroyer et Yolande Moreau

06/12/2013

TEXTE DE BRIGITTE CÉLÉRIER - COUPES CLAIRES - VASES COMMUNICANTS - DÉCEMBRE 2013




coupes claires pour le champagne
effervescence, nez qui pique, yeux qui brillent, soutenir le désir de joie
coupes claires
dans le bois, une clairière pour que nous dansions, et il y aurait des violons, des robes claires devant les feuillages sombres, une grande table sur des tréteaux, des chandeliers et des torches dans la nuit,
et des coupes claires pour le champagne
mais
coupes claires dans notre budget, nous ne pourrons
coupes claires dans nos rangs, nous dépérirons, 
oui, et coupes claires de ces miens mots maladroits, je veux n'y pas penser
moi je veux défendre les arbres, les budgets flasques, les longues phrases sinueuses et sensuelles.

j'efface, je recommence

nous coupons, nous attachons les branches, nous frayons passage, comme un tunnel, dans la masse, la forêt touffue et sombre, les asservissements, les soucis, les règles imposées que ne pouvons combattre, les taillis et les noirs conifères, cognent les haches, vibrent les scies, roulent les troncs, brûlent les feuilles, on traîne les souches, le ciel nous vient, l'azur et les nuages, la lumière descend et baigne le sol.

ce serait un jardin de merveilles comme les clos fleuris des tapisseries, et, s'ils le veulent, viendraient la licorne et la dame, les petits lapins, les paons, des fanions et des sabots, des joueurs de flûtes-à-bec, de bidons, de clarinettes ou de luth et des vielleux, il y aurait des conteurs et des poètes, des petites niches de silence creusées dans le couvert autour de la clairière, des jonchées de feuilles sous les branches.
il y aurait des pâquerettes et des églantines, du lierre pour faire des guirlandes, des oiseaux bleus et jaunes, comme sur la faïence,
il y aurait, je ne saurais dire comment, un bassin de marbre veiné de rose, une margelle de granit et une source si fraîche qu'une claire douleur percerait le front, entre les sourcils, des buveurs trop avides
il y aurait concorde sans ennui,
il y aurait l'impossible.

Texte et image de Brigitte Célérier



Ce mois-ci, nous coupons clair avec Brigitte Célérier. Coupes claires, loin des affaires budgétaires, et occasion de s'aérer à ses côtés dans une épaisse forêt qui ouvre sur un jardin rêvé. Grand plaisir que d'échanger avec elle, elle qui doute tant, tout au moins autant que moi. Douceur de se retrouver simplement et de couper quelques branches ensemble.
Mon texte chez elle : 
http://brigetoun.blogspot.fr/2013/12/coupons-clair-vases-communicants-de.html?spref=tw

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Vendredi 6 décembre, premier vendredi du mois : il s’agit d’échanger, d’accueillir et d’être hébergé en retour, de laisser un instant le refuge scriptural communiquer avec un autre espace.
Un projet où s’entrecroisent les mots, à l’initiative du Tiers Livre (François Bon) et de Scriptopolis (Jérôme Denis) qui reprend le titre programme d’André Breton, Vases communicants.
L’idée est simple et définie là : « le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. »

La liste complète de l'ensemble des participants est également dressée par Brigitte Célérier avec qui j'échange ce moi-ci, est à retrouver et parcourir ici

31/10/2013

TEXTE DE GILLES PIAZO - VASES COMMUNICANTS - NOVEMBRE 2013

Tu as voulu penser.
Te mettre à l’abri de la croyance. Refusant de vivre dans cet asile de l’ignorance ; de te contenter des ombres sur le mur de la Caverne ; de vivre les yeux fermés sans tâcher jamais de les ouvrir ; et que sais-je encore. A chaque école son adage, sa litanie.
Ta vie durant tu as fourni l’effort. Eté dans une quête quotidienne, minutieuse, parfois laborieuse et obsessionnelle, de l’énergie nécessaire à l’explication rationnelle de ce satané réel comme un gigantesque mur pourtant continuellement dressé devant toi. Avec tous ces pans obscurs que tu ne voulais pas vraiment voir - tu t’en rends compte aujourd’hui ; reconnaître pour ce qu’ils étaient.
Jamais tu n’as abdiqué ; baissé la garde; accepté d’en subir simplement les conséquences. De plein fouet et sans le secours de ce que tu pensais être la Pensée.
Tu en as fait un devoir. Un impératif catégorique.
Tu as pensé penser.
Même si maintenant tu hésites, finalement. Tu ne sais.
Car peut-être l’as-tu seulement cru finalement : avoir pensé.
Peut-être, à l’aube du dernier jour et alors que la faucheuse se met doucement à ricaner, te rends-tu réellement compte de la dose de croyance qui se logeait en creux dans chacun de tes raisonnements ; des prémisses imaginaires qui y présidaient ; de tous ces choix arbitraires que tu as fait dans le dos des concepts, des idées.
Peut-être, à l’aube du dernier jour seulement, comprends-tu alors que penser, ce n’est peut-être pas renoncer aux croyances tous comptes faits, mais être capable de les organiser ; les cimenter toutes ensembles ; les enserrer de fils logiques comme pour faire des paupiettes.
Que penser, c’est rendre ses croyances compactes ; explicites ; dicibles ; simplement acceptables pour les autres et pour toi-même.

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Gilles Piazo vient de passer l'été avec Spinoza, à peine est-il rentré de cette aventure philosophique que je lui propose de nous attaquer, tout au moins comme piste de réflexion, à une citation de Gaston Bachelard "Le réel n'est jamais "ce qu'on pourrait croire" mais il est toujours ce qu'on aurait dû penser", croisée à l'occasion de la lecture de l'ouvrage de Stéphane Vial L'être et l'écran - Comment le numérique change la perception. 
Epaisse proposition avec laquelle j'ai craint de ne l'avoir définitivement assommé, or Gilles n'a pas battu en retraite et s'est au contraire emparé du sujet que je me suis contentée d'aborder de façon plus transversale de mon côté.

On peut retrouver et lire Gilles Piazo sur son blog commeunratfaitsonterrier ou encore chez numeriklire.net



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Quant aux vases communicants... 

Vendredi 1er novembre, premier vendredi du mois : il s’agit d’échanger, d’accueillir et d’être hébergé en retour, de laisser un instant le refuge scriptural communiquer avec un autre espace.
Un projet où s’entrecroisent les mots, à l’initiative du Tiers Livre (François Bon) et de Scriptopolis (Jérôme Denis) qui reprend le titre programme d’André Breton, Vases communicants.
L’idée est simple et définie là : « le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. »

La liste complète de l'ensemble des participants, dressée par Brigitte Célérier, est à retrouver et parcourir ici












04/10/2013

TEXTE DE MICHEL BROSSEAU - IL DIT - VASES COMMUNICANTS - OCTOBRE 2013


Mon père a peut-être été surpris de me découvrir intact et bienveillant de l'autre côté de la table.
Pierre Bergounioux, L'Orphelin 


Il dit : « Ça n'aurait pas été si long de suivre le fil, remonter méthodique jusqu'au point d'origine. » Il dit : « On n'a pas osé : trop de peur en nous. » Il dit : « Tellement de trucs qu'on n'a pas su... » Il dit : « Pas besoin de stèle ni de monument d'aucune sorte : de la terre qu'est né notre silence. » Il dit : « De la terre, et d'avant. » Il dit : « De devoir s'y enfouir encore vivants. » Il dit : « D'être désormais façonnés de boue. » Il dit : «Qu'ils l'aient cru suffit. » Il dit : « Chacun a fait semblant, et pourtant leurs yeux meurtris. » Il dit : « Il y a d'abord eu ceux qui se sont tus, puis ceux comme moi qu'on a nourris de silence. » Il dit : « Quand on dit silence, il faudrait se mettre d'accord : pour les autres ou pour soi ? » Il dit : « Des mots se formaient sur nos lèvres sans qu'on en sache rien. » Il dit : « Leurs mains nous avaient à peine effleurés, alors parler...» Il dit : « Cette certitude du rien à dire qui creuse le ventre... » Il dit : « Et puis, on sait déjà si peu pour soi. » Il dit : « Derrière quelle porte les mots ? » Il dit : « Pas de toi que j'avais peur, ni de tes cris. » Il dit : « L'éclat que c'était. » Il dit : « De ça la peur surtout : qu'aux premiers mots tout s'effondre. » Il dit : « Que nécessité fasse rage ! » Il dit : « Tu vois, j'ai retenu. » Il dit : « J'écoutais. » Il dit : « Attendu tellement que de ses lèvres à lui... » Il dit : « Tu sais,pendant les veillées mortuaires, toutes les femmes assises le long des murs, qui marmonnent leurs bondieuseries. » Il dit : « Mais c'est les lèvres du mort que tu fixes. » Il dit : « Ce trop tard que tu lis sur les lèvres des morts. » Il dit : « En même temps, on ne pardonne qu'aux morts. » Il dit : « Parce qu'on sait bien que plus rien n'y fera. » Il dit : « On est plus fort avec les morts. » Il dit : « Peut-être qu'on les craint moins. » Il dit : « Toi aussi ça te fait ça ? » ll dit : « Rien du corps qui encombre, juste être là. » Il dit : « Ce face à face chaque fois que parler... » Il dit : « Tu sais que j'ai jamais su. » Il dit : « Ou alors en marchant... » Il dit : « Le vin, des fois, ça aide. » Il dit : « De le boire ensemble. » Il dit : « D'une même bouche. » Il dit : « J'ai essayé des fois, de parler.» Il dit : « Si seulement ça aidait d'y penser à l'avance. » Il dit : « Quand tu repartais, qu'on savait tous les deux que c'était peut-être la dernière poignée de mains. » Il dit : « C'était pas des mots mais on savait. » Il dit : « L'accès au dedans, c'est déjà ça. » Il dit : « Vers la fin, quand l'envie te prend de raconter. » Il dit : « Comme s'il fallait que ça se fasse. » Il dit : « Qu'on sent que c'est ça le seul héritage. » Il dit : « T'en fais pas pour la fin. » Il dit : « Je te savais dans ta voiture. » Il dit : « T'as rien raté, tu sais. » Il dit : « Tout ce mic-mac d'hôpital. » Il dit : « C'est avec quelle voix que tu m'entends ? »





Texte et image : Michel Brosseau
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Ce mois-ci, échange avec Michel Brosseau qu'on peut découvrir et/ou lire sur son site à chat perché, mais également chez publie.net
Sur à chat perché trois séries (et pas que) : "injonctions", "monologues", "tu dis" qui m'ont donné l'idée et envie d'explorer une autre contrée à ses côtés, celle du "il dit", point de départ de notre vase. Michel Brosseau a eu la gentillesse et l'honneur de m'accorder sa confiance afin que j'héberge ce magnifique texte sur la voix du père disparu.

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Vendredi 4 octobre, premier vendredi du mois : il s’agit d’échanger, d’accueillir et d’être hébergé en retour, de laisser un instant le refuge scriptural communiquer avec un autre espace.

Un projet où s’entrecroisent les mots, à l’initiative du Tiers Livre (François Bon) et de Scriptopolis (Jérôme Denis) qui reprend le titre programme d’André Breton, Vases communicants.
L’idée est simple et définie là : « le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. »

La liste complète de l'ensemble des participants, dressée par Brigitte Célérier, est à retrouver et parcourir ici. 

06/09/2013

TEXTE DE CÉCILE PORTIER - CE QUI SEULEMENT NOUS TOUCHE - VASES COMMUNICANTS - SEPTEMBRE 2013




Ce matin l’air est léger, légèrement acidulé, parcouru d’un frisson prémonitoire d’automne. Mais c’est seulement pour le souvenir qu’on a des automnes déjà passés qu’on le sent, qu’on le sait. Car ce matin-là est surtout léger, presque oublieux, très lumineux. On évolue dans ce matin-là en s’y sentant très libre, comme si l’air ne pesait rien. Il pèse moins certes, mais il pèse. Sur nous toujours, s’étale et rampe le gigantesque ventre d’un gastéropode qui n’en finit pas de passer. L’avancement de ses muqueuses ventouses décide de nos anticyclones, de nos dépressions.

Surgit le besoin de dessiner, dans ces gigantesques masses, quelque chose pour s'y retrouver, comprendre ce qui sur nous agit et ne se voit pas. Le besoin de strier le ventre en constrictions précises. On se sent moins balloté, à voir ainsi apparaître notre destin en cercles concentriques.

Et encore cette idée de ventre ce n’est pas tout dire. C’est oublier que l’air ne fait pas que nous passer dessus, qu’il nous baigne, qu’il s’insinue en nous pour nous faire vivre et nous corroder. Insidieusement il se joue de notre peau comme barrière. Lui-même en si peu de temps se mélange avec d’autres gaz incolores, inodores. Et nous en sommes, devant ceux qui en meurent, à rechercher méticuleusement des preuves. Le dessin à traits fins, peut-être, d’un chemin d’expansion, depuis lequel remonter à des auteurs certains?

Ah, nous serions rassurés, si l’air avait réellement des bords... Et avec lui toute chose en ce monde.

Qu’à cela ne tienne : s’il n’y a pas de bords ajoutons-en.

À toute force nous voulons rendre visible ce qui seulement nous touche. Parce que nous sommes seulement touchés nous le sommes beaucoup trop, alors, vite vite vite, recours aux yeux, recours aux traits, nous dépêchons de faire émerger du réel tout son appareil d’os et de nerfs, de trame cachée, nous nous dépêchons d’apposer des grilles de lecture.

Dans le ciel intérieur aussi, un seul et même ventre mouvant ressassant aller et retour et soufflant les mêmes questions, contre lesquelles tirer des bords, et à les remonter comme ça de biais, on se dessine comme des constellations, des choses qu’on se dit qu’on a écrites, alors qu’en fait ce n’est pas cela qu’on cherchait, seulement à lire, lire pour faire apparaître enfin ce qui seulement nous touche.

(et ceci glané sur wikipédia, que la pression est une grandeur intensive, et la densité une grandeur sans dimension - je laisse les mots me toucher sans les lire tout à fait)

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Ce sont les vases communicants qui m'amènent à Cécile Portier. Un échange réalisé en juin dernier avec Philippe Aigrain qui m'a particulièrement plu, simplement, ainsi. Son texte à relire ici.
Il faut suivre l'évolution du projet de Cécile Portier Etant donnée ou encore Traverser la ville sous mes pas et prendre Petite Racine sur son blog, là où cela est fait pour écrire. 

Ce sont les idée du trait, de la nervure et de l'état gazeux, proposées par Cécile qui sous-tendent notre échange.

Mon texte chez elle ici : http://petiteracine.net/wordpress/2013/09/anne-charlotte-cheron-2/?utm_source=feedly


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Vendredi 6 septembre, premier vendredi du mois : il s’agit d’échanger, d’accueillir et d’être hébergé en retour, de laisser un instant le refuge scriptural communiquer avec un autre espace.

Un projet où s’entrecroisent les mots, à l’initiative du Tiers Livre (François Bon) et de Scriptopolis (Jérôme Denis) qui reprend le titre programme d’André Breton, Vases communicants.
L’idée est simple et définie là : « le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. »

La liste complète de l'ensemble des participants, conscieusement dressée par Brigitte Célérier, est à retrouver et parcourir ici : http://rendezvousdesvases.blogspot.de/2013/08/liste-des-vases-communicants-en.html


12/08/2013

NOTES ET CHOSES VUES, ENTENDUES | PONT 3


* On commence sur le fil avec Philippe Petit et Mahigan Lepage | Superbe texte | Philippe Petit, funambule | 10 leçons d’art le fildeferisme comme allégorie de l’art 

* L’amie qui rentre dans son Asie, coup de fil en transit, avant sale des “à embarquer”, des pas perdus, doit raccrocher, rappellera plus tard, il lui faut passer au rayon X avant le vol.

* Un petit bout de Proust hébergé par Anthony Poiraudeau sur "Futiles et graves"

du peu — cccvi - Jean-Yves Fick - Gammalphabets

ce ciel
– un étain d’été

* c'est ici - là - du haut des rien dans le jardin sauvage d'Ana Nb

* Après le très beau, le tout sombre, irréversibilité du climat pyrénéen

* Avion & somnambulisme funambule | carnets du Népal | 2.1 | le dernier des mahigan |

* Les étoiles de mer de Lise Benincà sur Remue.net

"La durée de vie d’une étoile de mer est de cinq ans,
une éternité dans les bruits silencieux de la mer."

* La règle : pas d’espace entre les parenthèses. 


* Lire et écouter les clients dans les carnets d'Arnaud Maïsseti et parmi eux
le 9ème

* Les intérêts économiques ajoutent aux affaires de notre bon vieux monde une propension à la variabilité toute subjective. 


* Les petits bols prénoms de Clémentine Mélois. Pour accompagner les cafés & chocolats chauds des vacances.



* Réviser son alphabet avec Brigitte Célérier, ici le C et François Bon, Abécédaire in progress sur tiers livre

* Quand l'analyse politique touche à la grâce | Juan Branco pour Libération | Hollande ou la parole présidentielle fragmentée

* Le très beau d'un apatride chez Anh Mat et ses Nuits échouées
"ce fut une histoire qui n'a tenu que dans les mots prononcés
une histoire égale à la mer là où elle n'a plus de marée ni de vent
une histoire étale sans suite maintenant l'horizon"
* Parfois Éric Pessan dessine dans son carnet


* Point Cession Publie.net & Édition numérique sur Tiers Livre par François Bon

* Belle instantanéité du moment estival où l'on est heureux, Aux bords des mondes chez Isabelle Pariente-Butterlin
"C’est l’été. On vit pieds nus, on va, on vient, on verra plus tard. On débranche seulement les ordinateurs, qui ont un statut à part. Puis on revient à la vie calme des soirs d’été."